Comme son concurrent le chardonnay, l’aligoté est un cépage d’origine bourguignonne issu d’un croisement entre le gouais blanc et le pinot noir. Ces deux cépages cousins n’ont pourtant pas connu le même destin.
L’aligoté, dans l’ombre du chardonnay en Bourgogne
Alors que l’aligoté côtoyait le chardonnay dans les clos des appellations bourguignonnes les plus nobles depuis plus de trois siècles, la crise du phylloxéra rebat les cartes au début du XXème siècle. Le chardonnay se révèle comme le seul cépage à la hauteur des ambitions bourguignonnes. Il relègue l’aligoté au deuxième rang, ne lui laissant que des miettes. Il n’est toléré alors que pour vinifier des vins d’appellation régionale (Bourgogne Aligoté, Crémant de Bourgogne, Coteaux Bourguignons).
Victime de la domination sans partage du chardonnay, l’aligoté en est réduit à servir de vin pour le kir en apéritif. Il faut dire que certains vignerons avaient pris l’habitude de le vinifier en vin d’entrée de gamme. Cantonné aux parcelles les plus difficiles, habitué aux rendements excessifs, il donne alors des vins rustiques, faciles à boire.
L’AOC Bouzeron, base de renaissance pour le cépage Aligoté
C’est grâce à la persévérance des quelques vignerons que l’aligoté n’a pas sombré. L’appellation Bouzeron, au nord de la cote chalonnaise et à la frontière de la cote de nuit, fait office de dernier village gaulois. A l’initiative d’Aubert de Vilaine, co-gérant du domaine de la Romanée Conti, elle obtient son AOC en 1998. C’est la seule AOC française et (et la seule appellation village bourguignonne) exclusivement plantée en aligoté.
Aire géographique de l’AOC Bouzeron source @inao.gouv.fr
Accompagné de sa femme Pamela de Villaine, Aubert crée en 1973 un domaine à leur nom dans le terroir de Bouzeron. Leur objectif est de redonner ses lettres de noblesse à l’aligoté. Rendements limités à 55hl/ha, taille en gobelet, vendanges manuelles : le résultat paye… 25 ans plus tard !
Une originalité notable : l’aligoté existe aussi en premier cru de Bourgogne. A Morey-Saint-Denis, le domaine Ponsot vinifie une cuvée 100% aligoté à partir d’une parcelle d’un hectare du clos des Monts Luisants.
Aujourd’hui, ce cépage est planté sur près de 2000 hectares en France. Essentiellement en Bourgogne, mais également, sous forme de trace, dans le Jura et en Savoie. Il est également assemblé au chardonnay dans l’appellation Châtillon-en-Diois dans la vallée du Rhône. Mais c’est en Europe de l’est qu’il a trouvé le terroir qui en fait aujourd’hui un cépage international.
Une présence forte en Europe de l’est
L’aligoté est un cépage connu pour sa maturation précoce et sa résistance au gel. C’est surement ce qui lui a permis de s’imposer dans les vignobles d’Europe de l’est ! Il y est aujourd’hui bien plus planté qu’en France . On le retrouve en Bulgarie, en Russie, en Roumanie, mais surtout en Moldavie, et en Ukraine
Sur le vieux continent toujours, il est présent sous forme de traces en Géorgie, en Azerbaïdjan ou encore au Kazakhstan !
Dans le nouveau monde, l’aligoté est planté, en quantité expérimentale dans plusieurs vignobles au climat « frais ». Au Canada (en Colombie Britannique, Niagara Peninsula), aux Etats-Unis dans le vignoble de Washington (Yakima Valley), et de New York (Hamptons Long Island), mais aussi au Chili.
Les caractéristiques organoleptiques de l’aligoté
Bien vinifié, l’aligoté manifeste des qualités organoleptiques bien reconnaissables :
- Une robe aux reflets dorés
- Une acidité marquée et élégante qui lui donne de la longueur en bouche
- Des aromes floraux, d’agrumes et de fruits blancs au nez
- Des notes iodées en bouche
Les mieux travaillés d’entre eux pourront passer quelques années en cave pour développer des aromes tertiaires plus complexes.
Ces qualités font de l’aligoté un cépage de choix pour accompagner les poissons, des crustacés, mais aussi des fromages frais ou à pate molle !
