Il ne faut pas limiter les spécialités helvétiques aux montres, aux banques et au chocolat. Plus discret, le vignoble suisse est une véritable fierté nationale ! Ses spécialités locales s’exportent très peu du fait de leur prix souvent élevé, ce qui le rend si confidentiel. Mais ce pays viticole mérite le détour car il est unique en son genre : Voici 7 faits démontrant cette affirmation.
La Suisse : pays aux multiples facettes
Comment parler du vignoble suisse, sans quelques mots sur le pays ? La Suisse est un petit pays coincé au milieu de l’Europe. Cette confédération est composée de quatre langues, 26 cantons qui créent en elle une diversité culturelle et une ouverture d’esprit immense. Cette diversité influence également son vignoble et plus précisément son encépagement.
Un historique viticole de plus de 20 siècle
- L’invasion romaine : on sait aujourd’hui que les Romains ont implantés des vignes au nord des Alpes, et qu’ils ont également amené leur savoir-faire. De nombreux cépages indigènes ont des noms dérivant du latin. L’implantation de certaines régions viticoles est héritée des Romains : le Tessin, le Valais, la région des Trois Lacs, la Suisse alémanique.
- L’apport des moines : à la chute de l’empire romain, de nombreux vignobles sont ravagés. Heureusement, le christianisme donne une nouvelle signification au vin qu’ils utilisent durant certains rites. Les moines cisterciens remettent les vignobles en état et en créent de nouveaux. Vers la fin du Moyen-Âge, au XVème siècle, nombreux propriétaires commencent à leur tour à cultiver de la vigne.
- Un commerce florissant au XVIIème siècle : le commerce du vin est fortement encouragé en Suisse, la population l’apprécie et il représente un avantage économique. Le commerce international se développe, des vins des pays voisins sont importés. Ces importations et le climat provoquant des gels répétés mettent la culture de la vigne en difficulté en Suisse qui concentre son vignoble dans les régions les plus aptes à la viticulture.
- L’arrivée de trois fléaux au XIXème siècle : le mildiou et l’oïdium font des dégâts sur les vignes. Ajouté à ces deux champignons, le phylloxéra, un puceron venu d’Amérique détruisant les racines de la vigne ravage les vignobles européens. Ces trois catastrophes obligent les vignerons à s’adapter, à modifier leurs méthodes de culture et à introduire le greffage et les traitements chimiques. L’encépagement va donc être complètement modifié.
- Mécanisation et rendement : au XXème siècle, la mécanisation et la production intensive se répandent en Europe, cela a un effet négatif sur le sol et implique une concurrence intensive avec les vins étrangers. Le coût de la vie en Suisse rend la concurrence trop dure pour les vignerons helvétiques. Ils se tournent alors vers des rendements limités, en choisissant des cépages moins productifs, et préfèrent miser sur la qualité. La recherche de la qualité grâce à un rendement limité et de nouvelles techniques sont donc les atouts du vignoble suisse.
Petit par sa taille le vignoble suisse présente une diversité à couper le souffle
Le vignoble suisse couvre au total environ 14 700 ha. À côté du vignoble français de 835 805 hectares, la comparaison n’est pas aisée. Cependant, la diversité de la Suisse représente sa grande fierté. Six régions viticoles composent ce vignoble : le Valais, la Canton de Vaud, Genève, le Tessin, la région des Trois Lacs et la Suisse alémanique. Toutes bénéficiant de microclimats, grâce à la géographie montagneuse et aux nombreux lacs ayant une influence.
Quelques faits climatiques :
- Le Valais est la région la plus sèche et ensoleillée de Suisse (et même une des plus ensoleillées d’Europe), protégé des pluies par les Alpes
Genève possède des vignobles en plaine ou en colline, mais est protégé de tous les côtés par des montagnes.
- Le vignoble en terrasse du Lavaux dans le canton de Vaud classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco profite d’un triple-ensoleillement : Le soleil, sa réverbération sur le Lac Léman, et enfin les murs en pierre sèche, hérités des siècles derniers.
- La région des Trois Lacs profite d’un climat et d’un sol quasi identique à celui de Bourgogne.
- Le Tessin, influencé par la Méditerranée, subit de nombreuses précipitations.
- Aux Grisons, le foehn permet d’accélérer la maturité du raisin.
Des vignobles uniques en leur genre
La beauté et l’unicité des vignobles suisses n’est plus à prouver.
- Le vignoble du Lavaux est classé au patrimoine mondial de l’Unesco pour la beauté de son vignoble en terrasses.
- Le Valais, en continuité de la Vallée du Rhône, en amont du Lac Léman, offre certains des vins les plus réputés en Suisse. Ses paysages alpins donnent une dimension majestueuse à ce vignoble.
- Genève est un petit canton, où la vigne occupe tout de même 5% de la surface du canton. Relativement plat ou en colline, on y découvre un paysage bien différent des autres régions.
- La région des trois lacs offre une ambiance lacustre – composée de 4 cantons, 3 lacs, 2 langues et d’un même amour pour le vin et la vigne.
- Le Tessin est sous influence méditerranéenne. La Suisse italienne nous fait voyager dans une ambiance complètement différente de celle du reste de la Suisse.
- La Suisse alémanique est la région la plus vaste, composée de 17 cantons. Elle propose des Pinots Noirs de grande qualité, souvent primés aux concours internationaux.
Des cépages que l’on ne trouve nulle part ailleurs
Chaque région possède ses spécialités, dont elles gardent parfois l’exclusivité. Cependant, les principaux cépages plantés en Suisse sont connus dans le monde entier : le Pinot noir, le Chasselas, le Gamay, le Merlot et Müller Thurgau (aussi nommé Riesling-Sylvaner).
- Le Pinot noir est le cépage le plus planté. La Suisse alémanique produit des pinots noirs de grande qualité. La Canton des Grisons en a fait sa renommée, mais ce cépage se plait sur tous les terroirs du vignoble suisse. Quant à la région des Trois-Lacs, elle le propose en rosé sous le nom d’ « Oeil de perdrix ».
- Le Chasselas, aussi nommé Fendant en Valais, est originaire de l’arc lémanique. Ce cépage blanc est un véritable révélateur de terroir. Très présent en Suisse romande, la Canton de Vaud en fait des merveilles. Dans le Lavaux, le Chasselas est proposé sous ses huit lieux de production : Lutry, Villette, Epessee, Saint-Saphorin, Calamin Grand Cru, Dézaley Grand Cru, Saint-Saphorin, Chardonne et Vevey.
- Le Gamay a longtemps souffert d’une mauvaise image que les vignerons suisses ont réussi à inverser en limitant le rendement et en le proposant en vin rouge fruité, mais avec une belle concentration.
- Le Merlot, principal cépage tessinois, offre des vins de belle intensité.
- Le Müller Thurgau, très léger et délicat est le principal cépage blanc de la Suisse alémanique.
Ajouté à ces cépages, on trouve des raretés et des cépages autochtones qui méritent le détour, comme par exemple :
- Au Tessin, on trouvera par exemple de la Bondola. Fierté des vignerons qui remettent au goût du jour, ce cépage qui avait presque disparu au profit du Merlot
- En Valais, on peut citer en rouge l’Humagne Rouge, le Cornalin ou en blanc le Petite Arvine, l’Amigne, le Johannisberg, l’humagne blanc, le Reze. L’Humagne Blanc et le Reze étaient les deux cépages blancs principaux qui ont failli disparaître, remplacés par le Chasselas après l’arrivée du phylloxéra.
- Dans les Grisons, le Completer est en voie d’extinction, tandis qu’à Zurich, on est fier de proposer du Räuschling.
Des vins de qualité
On dénombre plus de 200 cépages en Suisse. Pour les déguster, un voyage en Suisse s’impose car seul 1 à 2% de la production s’exporte. Comme expliqué précédemment, les vins suisses étant chers à l’exportation, les vignerons se différencient en proposant des vins d’une belle qualité. Nombreux sont distingués lors de concours internationaux.
Un savoir-faire exceptionnel
Finalement, le vignoble suisse n’a rien à envier aux vignobles étrangers. Il met en avant sa diversité et reste ouvert à tester de nouveaux cépages et de nouvelles méthodes de culture. En effet, de part sa situation géographique, les vignerons ont dû faire preuve d’un savoir-faire exceptionnel pour cultiver la vigne sur des versants abrupts ou en faisant face à des fléaux.
Encore aujourd’hui, de nombreux défis arrivent pour les vignerons du monde entier et vont les forcer à devoir s’adapter. On peut penser au réchauffement climatique qui va obliger les vignerons à adapter leurs cépages ou leurs méthodes de culture.
Les consommateurs sont de plus en plus informés de l’importance de boire local – ou au moins national – et de leur responsabilité en tant que consommateur quant à la transformation de la viticulture conventionnelle vers une agriculture raisonnée, biologique ou biodynamique.
Pudique par nature, la Suisse est en fait la nation viticole le plus discrète du monde. Ne serait-ce qu’à Genève, il y a des vins formidables, y compris en biodynamie, ainsi qu’une formidable variété de cépages sur un territoire minuscule.
Je confirme, 240 cépages environ, soit au moins autant qu’en France sur une surface 56 fois plus petite. Cette concentration de cépage variés offre une diversité très intéressante. Sans compter la diversité des sols, des savoir-faire, …
Bel article sur la suisse, un beau pays .