Le Gewurztraminer : un cépage alsacien à la dynamique mondiale

Le Gewurztraminer est un cépage plus sympa à boire qu’à prononcer. Bien qu’il évoque en nous souvent les arômes de litchi et le foie gras qu’il accompagne délicieusement, il mérite une présentation plus approfondie !

Le Gewurztraminer est en effet avant tout un cépage mondial à la richesse aromatique qui ne ressemble à aucune autre.

Le gewurztraminer est un cépage à baies roses

Un cépage rose et aromatique

Commençons, comme à notre habitude, par quelques mots d’histoire.

Le Gewurztraminer fait partie de la famille de cépages des Traminer, dont on pense qu’ils viennent de la ville de Tramin, dans le Tyrol italien. Dans cette famille, il est le cousin du Savagnin, le cépage popularisé dans le Jura pour la vinification du vin jaune. Il est en effet issu d’une mutation naturelle sélectionnée du Savagnin. En raison de la couleur de ses baies roses et des arômes si particuliers issus de sa vinification, il est parfois surnommé le savagnin rose aromatique. Gewurztraminer signifie d’ailleurs en allemand le « traminer épicé » !

Ses baies sont reconnaissables facilement : elles sont petites, leur peau est rose et épaisse, et son jus particulièrement sucré présente une faible acidité.

Il est souvent vinifié en vin sec. Il produit alors des vins à la robe colorée et à la richesse aromatique bien plus complexe qu’il n’y paraît. Si on reconnaît souvent aisément les arômes de litchi et de roses qui lui sont si caractéristiques, il ne faut pas le réduire à ça. Car ce sont plus de 500 composants aromatiques qui auraient été détectés dans le Gewurztraminer ! Bien vinifié, il libère des arômes d’épices, de fruits exotiques et de fleurs d’une extrême finesse.

En Alsace et en Europe centrale, il est parfois vinifié en vendanges tardives ou en sélection de grains nobles. Les baies vendangées sont alors plus concentrées en sucre. En résultent des vins moelleux fins et élégants, qui sont souvent des vins de bonne garde.

Un cépage alsacien

23% de la production mondiale de Gewurztraminer provient d’Alsace !

Il aurait gagné l’Alsace au moyen-âge avant de devenir un cépage emblématique de la région. Il fait aujourd’hui parti des quatre cépages nobles alsaciens, au même titre que le riesling, le muscat et le sylvaner. Avec 3200 hectares plantés, il représente d’ailleurs plus de 20% de l’encépagement de l’appellation. 

Si l’Alsace lui va si bien, c’est en raison de son climat semi-continental. C’est à dire des hivers froids, et un automne ensoleillé. Ces caractéristiques sont favorables à la production de grands gewurztraminer car elle lui permettent de développer sa sucrosité tout en conservant une acidité qui lui fait naturellement défaut.

Pour couronner le tout, la faible pluviométrie attendue en automne rend la région propice aux vendanges tardives et à la sélection de grains nobles. Car le développement de la pourriture noble se fait « sous contrôle », les grappes pouvant sécher durant la journée.

Léon Heitzmann fait partie de ces vignerons qui savent le mieux valoriser toutes les nuances aromatiques du Gewurztraminer. Situé à Ammerschwihr près de Colmar, nous vous recommandons d’aller y faire une visite pour découvrir ce que ce cépage est capable de produire de meilleur !

Un cépage mondial

Fort de son originalité et de son succès, le Gewurztraminer a voyagé hors de ses frontières alsaciennes.

On le retrouve en masse en Europe centrale : l’Allemagne (900 hectares) le cultive beaucoup. Elle est suivie de l’Autriche (350 hectares), la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie, la Hongrie et la Slovénie. 

Il est également présent en Europe du sud. Le nord de l’Espagne et l’Italie vinifient des Gewurztraminer « de pays chauds ». Ces vins sont moins concentrés que ceux des terroirs continentaux. Moins intéressants également. 

Dans le nouveau monde, le Gewurztraminer est solidement implanté aux Etats-Unis, au nord de la Californie, en Oregon et dans l’état de Washington (250 ha). Ce dernier terroir lui va comme un gant.

Plus loin encore, on en retrouve des traces en Australie, à Gisborne en Nouvelle-Zélande, à Mendoza en Argentine et même dans le sud du Chili !

A noter que dans le nouveau monde comme en Alsace, ce sont les climats froids qui permettent au gewurztraminer de s’exprimer le mieux car ils préservent davantage son acidité naturelle. De ce point de vue-là, l’état de Washington et la région de Gisborne en Nouvelle-Zélande présentent des climats les plus adaptés au Gewurztraminer.

Ne nous emballons pas : avec ses 14 000 hectares plantés à travers le monde, l’encépagement du Gewurztraminer reste anecdotique par rapport au Chardonnay, qui couvre 200 000 hectares de la surface du globe ! Mais ce cépage bénéficie d’une bonne dynamique due à ses caractéristiques aromatiques si originales ! 

Des accords mets-vins locaux et mondiaux

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la puissance aromatique du Gewurztraminer ne le rend pas inapte aux accords mets-vins. Bien au contraire, il se marie aisément avec des plats divers et variés. Il suffit d’oser !

@pixabay

Le foie gras bien sûr. C’est une spécialité alsacienne autant que du Sud-Ouest. Il s’agit donc d’un accord met-vin local. Nous en avons déjà parlé, ces accords locaux sont souvent les meilleurs ! D’ailleurs le foie gras est souvent le premier accord évoqué lorsqu’on pense au Gewurztraminer. Et inversement ! Il sait l’accompagner sous toutes ses formes : frais, en brioche, poêlé, ou encore accompagné d’une confiture d’oignons. La finesse de leurs arômes respectifs et la douceur de leurs textures se combine à merveille.

Les fromages : il faut des fromages forts et à pâte molle pour faire face à la puissance épicée et à la douceur envoûtante du Gewurztraminer. Le maroilles (du Nord) et livarot (de Normandie) sont de ce point de vue les plus adaptés. Sans oublier le local de l’étape : le Munster !

C’est plus surprenant, le Gewurztraminer sait sublimer les cuisines épicées. En vertu du principe selon lequel, pour sublimer un plat, le vin ne doit pas s’effacer, mais lui tenir tête. La puissance aromatique du Gewurztraminer sait donc mettre en valeur des plats indiens et des spécialités thaïlandaises.

Enfin, le chocolat fait également bon ménage avec le Gewurztraminer. Pas le chocolat noir, fort en cacao, mais plutôt le chocolat blanc ou au lait. Et tous les desserts qui en découlent, qui se laissent enrober par la texture et la sucrosité du cépage.

Entrée, plat, fromage, dessert : vous pouvez donc faire un repas complet accompagné du fameux « Gewürzt » !

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