Les innovations dans le secteur viticole en 2021

Vous, les jeunes qui lirez ce post dans 20 ans, poufferez de rire en constatant qu’en 2021, nous qualifions d’innovations des services qui seront entre temps totalement rentrés dans vos usages.

La preuve ! Relisez notre article publié en 2017 intitulé Ces startups qui innovent dans le vin ou encore celui sur les meilleures applications mobiles dans le monde du vin, publié en 2015 . Vous constaterez qu’en 2021, la plupart de ce que nous considérions alors comme des innovations font désormais partie de notre quotidien.

C’est que l’industrie viticole a beau avoir l’image d’une activité traditionnelle, elle atteint un niveau de maturité qui la rend prête à adopter les innovations les plus en rupture pour se réinventer. Dans un monde qui évolue en permanence, elle est contrainte de s’adapter. Pour conserver ses consommateurs historiques et conquérir de nouveaux marchés, le secteur du vin doit apprendre à mieux produire, mieux transporter, mieux vendre, mieux choisir, mieux consommer. Consciente que la survie de son image en dépend, elle a embrassé les nouvelles technologies de tout son corp. Et c’est tant mieux !

Objets connectés, Intelligence artificielle, blockchain… toutes les technologies digitales sont mises à contribution pour transformer le secteur.

Des robots dans les vignes pour mieux produire

A un moment où le climat évolue rapidement et le marché devient plus exigeant, l’apparition de robots intelligents dans nos vignes apparaît comme une solution. Nous avons déjà parlé ici du drône Chouette dont l’usage se répand en Europe. Le robot Ted facilite la vie des vignerons dans le vignoble bordelais et cognaçais. De l’autre côté des Pyrénées, c’est le robot VineScout qui révolutionne le travail de la vigne.

Truffé de nouvelles technologies, il déambule de manière autonome dans la vigne pour collecter et analyser des milliers de données. Température de la plante, niveaux d’azote, humidité…

  • Premier avantage : le robot collecte des informations plus précises et plus fréquemment que ne le ferait un vigneron. Cette automatisation de la collecte d’information présente un avantage en termes de coûts. Il optimise le temps du vigneron qui peut se consacrer à la prise de décision et au travail dans le chai.

Sur la base des données collectées et analysées par le robot, les décisions cruciales du vigneron peuvent être améliorées :

  • L’identification dans la parcelle de zones homogènes, propices au développement des baies les plus qualitatives. On se rappelle qu’en Bourgogne, ce sont les moines cisterciens qui identifiaient empiriquement ces zones et les délimitaient par des petits murets de pierre : les clos. Ce que nos moines ont réussi à faire en plusieurs générations au moyen âge, les robots intelligents permettent de le faire en quelques heures aujourd’hui.
  • La décision sur la date optimale des vendanges peut être prise avec davantage d’informations en main. Au gré des changements climatiques, cette décision est de plus en plus difficile à prendre pour nos vignerons. L’intelligence artificielle embarquée dans les robots leur permet de limiter le risque d’une décision sous-optimale.
  • Enfin, l’utilisation des intrants peut être significativement réduite grâce à l’analyse des données collectées par les robots. Car ces données permettent de mieux cibler les zones qui en ont réellement besoin et le timing optimal des traitements. Pour les vignobles qui n’ont pas d’autre choix que d’irriguer, les quantités d’eau nécessaires sont également largement réduites.

Les robots intelligents permettent donc de simplifier le travail du vigneron, d’améliorer la qualité du vin produit et de développer une viticulture plus respectueuse de son environnement.

robot vinescout

De la blockchain pour améliorer la chaîne logistique

Les réseaux de distribution du vin sont complexes car ils font intervenir de nombreux acteurs intermédiaires. La logistique de transport du vin entre le domaine et le client final passe par le négociant, l’importateur, le revendeur, le distributeur. Cette fragmentation de la chaîne de valeur fait courir un risque au vin. Car il suffit d’une étape durant laquelle les conditions idéales de conservation ne sont pas respectées pour que le client final ne puisse bénéficier de la qualité du vin telle que l’a conçue le vigneron. Il suffit également qu’un des acteurs ne soit pas fiable pour que l’on perde la trace du vin destiné à être livré.

Le système de contrôle qualité connecté eProvenance joue le rôle de tiers de confiance dans le contrôle des règles logistiques. Pour cela, il place des capteurs connectés dans les palettes qui récupèrent des informations clefs. Température et humidité ambiantes, géolocalisation. Jusque-là, rien de très innovant. Sauf que la solution s’appuie sur le réseau VinAssure.  Il est développé sur la technologie de la Blockchain pour valider et stocker les informations de façon décentralisée. C’est cette technologie qui permet de garantir la traçabilité, et l’intégrité de ces informations sensibles.

Cette solution qui allie technologies éprouvées et innovantes permet à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de s’assurer de la provenance des expéditions. Elle garanti également le respect des conditions de conservation du vin tout au long du circuit logistique.

blockchain vinassure eprovenance température et humidité blockchain vinassure eprovenance geolocalisation

Le vin au verre pour mieux vendre

Dans la catégorie « Mieux vendre », nous plébiscitons toutes les initiatives qui facilitent la consommation de vin au verre. Fini le 50cl de Côtes du Rhône dans nos brasseries. Les consommateurs souhaitent désormais boire moins mais mieux. Le vin au verre répond à cette demande et va même plus loin. Il favorise la découverte de nouveaux vignobles ! Et pour cause, commander une bouteille de vin au restaurant est un investissement. Il induit un réflexe de sécurité chez le consommateur : « je commande un vin que je connais ». Mais permettre au même consommateur de payer 3€ à 7€ pour un verre de vin l’incite à aller vers des vins originaux.

Cette tendance n’est pas nouvelle. Dans les années 2010, Coravin révolutionnait le vin au verre grâce à un accessoire destiné aux professionnels et aux particuliers. Une fine aiguille perce le bouchon en liège de la bouteille pour absorber une dose de vin correspondant à un verre. Se faisant, elle comble le vide par un gaz neutre, pour éviter que l’oxygène de l’air ne crée une réaction d’oxydation. Les bonnes bouteilles peuvent ainsi être servies au verre et se conserver dans le temps.

ditributeur de vin au verre pour la restauration

Plus récemment, Enomatic, société toscane, a industrialisé cette technologie dans une gamme de « tireuses de vin au verre » intelligentes. Destinées au marché des restaurateurs, ses machines permettent de gérer jusqu’à une quinzaine de bouteilles simultanément.   En France, Eurocave, un spécialiste des caves de stockage et de service, s’est positionné sur le créneau des distributeurs de vin au verre en ciblant davantage le marché des particuliers.

La réalité augmentée pour mieux communiquer

Le vin est un produit difficile à marketer car sa qualité perçue dépend de très nombreux paramètres. Il existe tellement de vins et de contextes de dégustation différents ! La qualité perçue d’un vin présente la particularité d’être inconnue du consommateur jusqu’à ce qu’à l’ouverture de la bouteille. C’est à dire après l’acte d’achat, contrairement à tous les produits de grande consommation.

Tout ça pour vous dire que dans le secteur du vin peut être encore plus qu’ailleurs, la communication autour du produit est clef. Et les nouvelles technologies permettent d’innover en la matière. C’est ce qu’a fait Smartbottle, une startup bordelaise en proposant d’utiliser la réalité augmentée pour immerger le consommateur dans l’univers du vin… à partir du simple scan de son étiquette !

En scannant l’étiquette tout à fait standard d’une bouteille de vin à l’aide de l’application mobile smartbottle, le consommateur va voir apparaître à l’écran un contenu média « superposé ». C’est ce qu’on appelle la réalité augmentée, concept simple à la technologie maîtrisée. Ce qui est nouveau, c’est de l’utiliser pour permettre aux viticulteurs de dynamiser leur communication auprès de leurs clients finaux. Contenus décrivant le vin, son histoire, ses caractéristiques organoleptiques, visite virtuelle du domaine… c’est au réalisateur le plus créatif que cette innovation réussira le mieux.

A noter que cette innovation est française, bordelaise même. Mais que ce n’est pas tout à fait une innovation puisque les australiens avaient déjà poussé le concept bien plus loin avec l’initiative « 19 crimes« . Une allusion aux 19 crimes qui, en Grande Bretagne, valaient la déportation en Australie.  Le groupe Treasury Wine Estate, l’un des plus gros producteurs de vin en Australie a réussi à booster ses ventes en produisant 19 cuvées. Chacune d’elle est incarnée par un criminel, dont l’histoire est racontée via une intelligente augmentée particulièrement originale.

De l’innovation simple pour mieux conserver le vin

Dans la longue histoire du vin, l’une des innovations les plus marquantes fut la compréhension des vertus du souffre. Au XVIIIème siècle, les chimistes comprennent que le souffre tant décrié aujourd’hui permet au vin de mieux se conserver.  C’est le début du concept de millésime. On réalise que le vin se bonifie en vieillissant. Encore faut-il savoir le stocker efficacement !

C’est ce que fait Caveasy en toute simplicité. A première vue, l’offre est tout ce qu’il y a de plus traditionnel : des rangements en bois avec armature en fer. Cependant Caveasy ne se positionne pas sur les caves de conservation, mais sur les caves de service. C’est là que le concept fourmille d’innovations intégrées dans l’application mobile de gestion de cave :

  • Identification des bouteilles par scan de l’étiquette
  • Gestion automatique des inventaires
  • Localisation intelligente des bouteilles dans la cave
  • Calcul des apogées

C’est que l’innovation ne passe pas forcément par une rupture technologique. Innover, c’est parfois simplement s’appuyer sur des technologies éprouvées simplifier les usages.

Vous allez me dire qu’il existe de de nombreux fournisseurs de caves à vin et de nombreuses applications originales de gestion de cave. Alors pourquoi Caveasy ? Parce que leur innovation est de savoir être aussi bons dans la construction de cave à vin que dans la partie logicielle.  Ces deux métiers impliquent des équipes et des organisations très différentes. Caveasy réussit ce grand écart avec succès.

Mieux consommer

C’est finalement sur ce segment que les applications innovantes sont les plus nombreuses. On ne compte plus les applications permettant de mieux choisir son vin.

Nous avons choisi de mettre en avant Sublivin, dont nous avions déjà parlé dans notre article consacré à l’intelligence artificielle. Le principe est simple : Sublivin est un sommelier virtuel expert dans les dates d’apogées des vins. Il a constitué une base de données massive d’informations sur l’ensemble des paramètres qui influencent la date de consommation idéale d’un vin. L’intelligence artificielle lui permet d’extrapoler les dates d’apogées supposées des vins que vous avez en cave. Plus question de s’exposer à la déception d’ouvrir une bouteille trop tôt. Ou pire encore, de l’ouvrir trop tard !

Si le principe nous avait conquis, nous questionnions à l’époque la pertinence de ce service pour le grand public. Sublivin a répondu à ces doutes en se positionnant clairement sur le marché du B2B. Il propose dorénavant son service de sommelier virtuel via une API ouverte aux professionnels de la vente en ligne. Sublivin va même plus loin en lançant Subligrap, une place de marché de la data du vin, actuellement en cours de test.

Nous pensons que ce positionnement est particulièrement stratégique. Dans le monde du vin comme dans de nombreux secteurs, la maîtrise de la donnée est le nerf de la guerre. Cette donnée, exploitée par des algorithmes intelligents, va permettre de mieux anticiper les effets du changement climatique sur les techniques viticoles, de mieux sécuriser la chaîne logistique de distribution, et surtout de mieux anticiper les changements de comportements des consommateurs.

Récupérer, consolider, mettre à disposition des jeux de données dans une place de marché dédiée à la data du vin est un projet qui nous enthousiasme. Autant vous dire que nous allons suivre Subligrap de prêt !

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